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La nature en ville, instrument de lutte contre l’artificialisation

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Les espaces naturels, agricoles et forestiers de nos territoires diminuent à un rythme très important. En France comme dans d’autres pays, du fait de l’étalement de notre urbanisation et de nos infrastructures, l’artificialisation des sols augmente. Les chiffres sont alarmants : 70 000 hectares sont artificialisés chaque année, soit 20% du département du Tarn-et-Garonne. En région Ile-de-France, ce sont 2 000 ha qui sont détruits chaque année, soit 1/5 de Paris. Au total, c’est l’équivalent d’un département qui disparaît tous les 7 ans (1% du territoire).

L’artificialisation des sols est la principale cause de l’érosion de la biodiversité

Cette réduction est préjudiciable à la biodiversité, au climat et à la vie terrestre en général. L’artificialisation des sols est d’ailleurs la principale cause de l’érosion de la biodiversité. Ce phénomène n’a rien de nouveau mais sa prise de conscience est toute récente au niveau des instances de l’Etat. L’objectif « zéro artificialisation nette » à terme a ainsi été fixé par le Président de la République dès le début du quinquennat. La France a publié le 4 juillet 2018 le Plan National Biodiversité, qui vise à atteindre le « Zéro artificialisation nette » (ZAN) et prévoit de publier tous les ans un état des lieux de la consommation d’espaces.

Après une baisse de 32% entre 2011 et 2015, l’artificialisation est repartie à la hausse

Le Cerema vient de publier un rapport « l’Artificialisation et ses déterminants » qui analyse le rythme d’artificialisation sur la période 2009-2018. On apprend ainsi qu’après une baisse continue de l’artificialisation au niveau national, passant de 32.000 ha en 2011 à 22.000 ha en 2015, soit une diminution de 32 %, on observe en 2016, 2017 et 2018 une augmentation par rapport à 2015, avec une artificialisation qui s’élève à 23.907 ha. L’artificialisation se fait principalement à destination de l’habitat (70 %), suivi par l’activité (24 %), et 2 % à usage mixte. Elle se localise principalement dans les métropoles et sur le littoral.

Deux leviers : le renouvellement urbain et l’augmentation de la densité des constructions

Pour arriver à diminuer l’artificialisation, le rapport indique qu’il « est nécessaire d’augmenter, de manière significative, l’efficacité, en jouant notamment sur ses deux leviers, à savoir l’augmentation du renouvellement urbain (renouvellement de la ville ou du bourg sur elle/lui-même) et l’augmentation de la densité des opérations ». De ce fait, nous devons apporter la plus grande vigilance à nos modes d’urbanisation, afin qu’ils consomment moins de terres naturelles, agricoles et forestières, qu’ils privilégient dans la mesure du possible la réutilisation de secteurs déjà urbanisés (logements vacants, friches industrielles ou commerciales …) et qu’ils favorisent la conception et la construction d’opérations un peu plus compactes intégrant des espaces verts.

Réinventer la ville sur elle-même, cela signifie également la rendre plus attractive, plus vivable avec plus de nature

Il s’agit là d’un véritable défi à relever pour les acteurs de l’aménagement et de l’immobilier. Car réinventer la ville sur elle-même, cela signifie également la rendre plus attractive, plus vivable. Comment? En développant la place de la nature en ville. Alors que près de 70% de l’Humanité vivra en ville en 2050, la nature se pare de nouvelles vertus oubliées ou ignorées rendant la ville plus résiliente, plus vivable et plus agréable : réduction des îlots de chaleur urbains, meilleure qualité de l’air, lien social dans les espaces verts, réduction de l’anxiété, etc. La nature est en effet indissociable du bien-être et de l’épanouissement des citoyens. Et les urbains la réclament d’ailleurs de plus en plus à corps et à cris. Au travail, en bas de chez eux…et dans les urnes!

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